Guy DEDECKER,  Peintre Héraldiste - Calligraphe

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calligraphie au pinceau

BLASON ET ARMOIRIES

Toute personne a le droit de posséder son blason, indépendamment de sa situation sociale ou familiale. La science héraldique consiste en la connaissance des règles du blason.

L'héraldique est un art signalétique avant d'être un art décoratif. Cela n’empêche évidemment pas l’expression artistique que du contraire, mais l’artiste héraldiste doit être au service de la signalétique et éviter de chercher à “faire joli”. Ainsi, des armoiries rudimentaires mais respectant les règles valent mieux en héraldique que des armoiries plaisantes mais qui ne les respectent pas. Elles doivent dans tous les cas être conformes et réalisées avec art, les deux qualités sont requises.

Certes, il arrive, rarement, que certaines armoiries anciennes n'obéissent pas à l’une ou l’autre règle précise, mais cela doit être dument et historiquement déterminé. Il s’agit de vieilles armoiries et d’exceptions le plus souvent notoires telles que par exemple les armoiries du royaume de Jerusalem. Ces armoiries sont dites “à enquerre”, c’est à dire qu’il convient de s’enquérir de la raison et de la circonstance du cas.

L'écu, la base du blason

Le fondement du blason se situe au niveau de l’écu (le bouclier central qui peut être un losange dans certains cas obligatoires). L’écu est donc le coeur du blason, c’est par lui que rayonnent les armoiries.

Le rapport entre le blason et les armoiries.

Le blason est la version écrite, textuelle (anciennement elle était “dite” : les hérauts criaient le blason). Cette version phrasée est une partie importante de la discipline. C’est elle qui fait Loi. Le blason, la phrase blasonnée, se doit d’être incontestable et parfaite et c'est elle qui déterminera son dessin. Le blasonnement, l'expression verbale du blason, est hiérarchiquement supérieur à son image représentée. Si ceci est valable en matière de légalité héraldique, il est clair que c'est par le dessin qu'on réalisera son blason car la description héraldique relève de matière visuelle et le résultat a pour but d’être vu. L’objet est l’image du blason (les armoiries), laquelle est régie par les phrases du blasonnement.

Il s'agit de bien vérifier la définition phrasée, à l’aide de versions illustrées, peintes ou dessinées bien entendu, car une fois celle-ci enregistrée, toute représentation graphique devra s’y tenir.

Un art signalétique

L’héraldique est en effet l’art de se signaler. L’art d’apparaître au premier coup d’oeil, d’épater, de se présenter, de se marquer, je dirais à distance et rapidement. C’est donc bien la reconnaissance visuelle qui est visée, et au fil des siècles, des guerres notamment, très prégnantes dans les temps anciens, l’efficacité et la nécessité de cette signalétique primordiale a fait ses preuves par certains principes de base très efficaces dans leur application. La visibilité des armoiries faisait que les soldats les portant se reconnaissaient dans les combats, que des vies étaient donc épargnées ou que des victoires étaient remportées. Un des principes visuels fondamentaux et particulièrement sûr en matière de méthode signalétique est le contraste entre une couleur (un émail en terminologie héraldique) et un métal. C’est ainsi qu’en héraldique deux métaux ne se touchent jamais et que deux couleurs (deux émaux) ne se rencontrent jamais non plus. Un métal contre une couleur ou une couleur contre un métal se signaleront beaucoup plus efficacement que deux couleurs juxtaposées, aussi différenciées soient-elles, ou que deux métaux l’un contre l’autre.

Une des premières règles est donc de ne jamais placer un émail (une couleur) sur ou contre un émail, ni un métal sur ou contre un métal. Il y a une alternance systématique entre métaux et émaux. Bien entendu, comme pour toute règle, il existe des exceptions qui peuvent fortement compliquer les choses…

J'évoque bien le concept de signalétique : être vu à distance et rapidement. Savez-vous que nombre de panneaux de signalisation routière sont conçus sur les principes de l'héraldique qui ont fait leurs preuves à travers les siècles pour... être vus à distance et rapidement ?

La langue héraldique

Dans le langage du blason, “senestre” veut dire la droite et “dextre”… la gauche. Et c’est parfaitement logique : on porte le bouclier (le blason) devant soi. Visuellement donc, la droite de celui qui tient le bouclier est la gauche de celui qui le regarde. Et comme le blason appartient à celui qui porte le bouclier, c’est son point de vue qui s’exprime dans le blasonnement.

Le langage de l’héraldique se respecte dans son sens, dans sa syntaxe, mais aussi dans son idiome qui est différent du français classique. “Sable”, par exemple, dérive du mot “zibeline” (zibel …zabel…sable), et plus particulièrement d’une variété orientale de zibeline noire. “Sable” veut donc dire “noir”, sans aucun rapport avec le sable. “Sinople” dérive du nom d’une oasis au Moyen-Orient dont une ville portait le nom. Qui dit oasis dit végétation au milieu du désert. “Sinople” signifie donc “vert” en langage héraldique. Nombre d'historiens précisent que la fameuse "fleurdelys" n'est pas originairement la fleur d'un lys mais bien la pointe d'une lance gauloise qui faisait office de sceptre des premiers rois de France : "flor de loys" parce que le Roi Ludovicus Florus en sema ou fleurit son écu et ses draperies...
De gueules” proviendrait du sang dégoulinant de la gueule d’animaux féroces… ou du mot persan “gul” qui signifie “rouge”. Peut-être des deux à la fois. Toujours est-il que rouge se dit “de gueules”. De tels termes foisonnent dans la langue des hérauts.

La langue de l'héraldique est très belle et certains blasons constituent à eux seuls de superbes poèmes. Comme je l’évoque plus haut, il ne faut pas seulement regarder le blason, il faut aussi le lire. Et l’héraldiste doit savoir l’écrire.

Le respect des figures de l'héraldique.

En héraldique, le dauphin a des écailles, le lion rampe debout, la fusée est un losange allongé, la merlette n’a ni bec ni patte… Cela ne peut être transgressé.
Chaque meuble (animal ou objet) doit être d’un certain émail (rouge-de gueules, bleu-azur, sinople-vert, sable-noir) ou d’un certain métal (or ou argent). Là aussi, impossible d’y déroger… sauf par un biais : l'attribut “au naturel” permet de contourner cette obligation. Son abus est toutefois du plus mauvais effet.

Il existe de nombreux livres sur le sujet, ce texte n’est qu’un aperçu de quelques aspects de la discipline.

Enfin, le choix du blason doit correspondre à des justifications sérieuses (dont l’humour peut faire partie !). On ne peut usurper un blason, vous ne serez jamais autorisé à copier le blason d’un autre au prétexte que ça vous plait ou que vous le vouliez avant lui, et il ne peut y avoir deux blasons identiques. D’où l’importance de son enregistrement et d'être ouvert aux objections rencontrées.
Un principe du Droit est que c’est à celui qui avance une revendication d’en apporter la preuve de son bien fondé. Il est difficile de revendiquer tel ou tel blason parce que vous auriez acheté une maison qui le porte en frontispice… à moins que vous n’en justifiez une origine familiale qui vous concerne...

C'est la connaissance et le respect des règles de l'héraldique qui permettent la réalisation et la possession des plus beaux blasons. Elles sont justifiées signalétiquement, historiquement, éthiquement et esthétiquement. L'héraldique est un art à part entière qui fait partie intégrante de notre patrimoine culturel.